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À Cuba, c'est désormais la mode qui fait sa révolution sous l'impulsion d'une nouvelle génération de designers. Tout a commencé en 2015 avec la marque cubaine de vêtements Clandestina. Grâce au développement, pourtant mesuré, de l’e-commerce et de l’internet à Cuba, la marque rencontre un succès croissant et s'exporte même à l’étranger. Récit d’une success story à la cubaine.
Clandestina, la marque précurseur
Native de Cuba, Idiana del Rio a le design dans la peau et un esprit d’entrepreneuse. C'est ainsi qu'en 2015 cette graphiste formée à l'étranger est revenue à Cuba pour créer le premier magasin de vêtements en ligne. Elle a en effet pu profiter des lois plus propices à l’exportation mises en place par Raul Castro. Et à l’époque, les marques modernes de fringues cubaines devaient se compter sur les doigts d’une seule main, si jamais elles existaient…Seuls les magasins d’État proposent les sempiternelles robes en polyester et chaussures en plastique. Hormis cela, faire une journée shopping de vêtements à Cuba relève du défi. Bien sûr, des réseaux parallèles se sont mis en place. Ainsi, des magasins clandestins ouvrent à l'arrière d'un salon de coiffure ou dans des maisons de particuliers à La Havane. Dans ces boutiques, des vêtements de marque importés illégalement… Parallèlement, on assiste au développement des magasins vintage, beaucoup plus recommandables.
Créer sa ligne de vêtements : un défi à Cuba
Chaque étape de la conception ou de la commercialisation de vêtements représente un nouveau challenge. À Cuba, se fournir en tissu relève par exemple de la gageure. En effet, jusqu'à l’effondrement de l’URSS, Cuba importait tous les textiles de pays soviétiques. Aucune usine n'a jamais été construite sur l'île, même après 1991. Heureusement, Indiana et son associée Leire Fernandez ne manquent pas d'imagination. Elles se fournissent donc dans les boutiques vintage ou s'approvisionnent dans d'autres pays, à l'instar du Mexique. L’encre aussi peut venir à manquer pour les impressions. « Pendant des mois, nous n’avons pu imprimer qu’en noir à Cuba ! », raconte ainsi Idiana.Et comment faire à Cuba pour faire connaître ses produits. Sur l'île, publicité rime toujours avec État et les outils de diffusion sont peu développés. C'est sans côté le sens de la débrouille des créatrices de Clandestina. Indiana et Leire ont eu l'idée d'ouvrir leur boutique dans une vieille maison coloniale délavée de la Vieille Havane. « On a organisé des fêtes avec boissons à volonté, on a invité des voisins, des amis, on a fait marché le bouche-à-oreille et les gens ont commencé à venir », nous confie Indiana. Et ça marche ! Plus de 20 000 clients ont ainsi franchi les portes du magasin. Quant aux nombre de visiteurs du site internet, il ne cesse d'augmenter.
Vers une industrie de la mode à Cuba
D’autres designers ont commencé à approcher Clandestina pour s’inspirer de leur modèle. Au même moment, des blogs lifestyle sont apparus à Cuba et le premier magazine de mode, Garbos a été lancé. Des designers de haut vol ont aussi pris leur essor. Citons Celia Ledon, qui recycle de vieux objets, ou Robertiko Ramos, artiste tatoueur.