À bouquiner, à regarder au Chili

Terra Neruda

Pablo Neruda est la personnalité incontournable chevillée à la littérature chilienne. De nombreux recueils permettront de (re)découvrir, avant ou après votre séjour au Chili, les poèmes de ce grand auteur. Pour ceux qui veulent tout savoir de cette figure littéraire, son autobiographie J’avoue que j’ai vécu est un délice qui permet de découvrir son parcours à travers une galerie de portraits d’anonymes et de grandes personnalités.

Toujours sur Neruda, Une Ardente patience d’Antonio Skármeta nous raconte avec émotion et admiration les derniers jours du poète à travers une amitié singulière.

Histoire(s) du Chili  

La guerre froide, la révolution cubaine, l’élection de Salvador Allende… Autant d’événements que l’on revit à travers l’enfance et l’adolescence de Pedro dans une bande dessinée intitulée Là où se termine la terre (2017). Alain et Désirée Frappier y dressent le portrait d’un héros des années 1960 avec tendresse et nostalgie.

En 1973, le coup d’État d’Augusto Pinochet plonge le pays dans un climat de terreur que Manuela Martelli évoque de manière personnelle avec Chili 1976 (2023). Dans ce film psychologique, on suit une bourgeoise sans histoires à qui l’on demande d’héberger en secret un jeune militant anti-Pinochet. 

En 1988, le général se voit contraint d’organiser un référendum : oui ou non à Pinochet ? Un publicitaire décide de s’engager en faveur du « non » avec seulement 15 minutes d’antenne quotidienne. C’est cette campagne, menée à grand renfort d’imagination, d’humour et de musique, qu'Antonio Skarmeta relate dans son roman Les jours de l’arc en ciel (2011), adapté au cinéma par Pablo Larrain sous le titre No (2012).  

La dictature de Pinochet hante toujours la société chilienne, en proie à des défis sociaux et environnementaux. Histoire et devoir de mémoire, gestion des ressources minières, réconciliation avec les Mapuche… Autant d’enjeux décryptés par l’émission Cultures Monde (France Culture) dans une série de 4 épisodes baptisée Chili, les fractures d’une nation. 

Le vieux qu’on aimait tant  

Mêlant fiction et engagement politique, les romans de Luis Sepulveda possèdent un style simple et poétique que l’on découvre dans Le vieux qui lisait des romans d’amour (1989), dont l’action se situe dans un bourg d’Amazonie. Alors que ses habitants accusent les Indiens Shuars de meurtres sur des hommes blancs, un vieil homme y voit l'attaque d'un tigre en deuil. Traduit dans une trentaine de langues, ce best-seller dénonce la dévastation de la nature et célèbre les coutumes indigènes.  

Des thèmes que l’auteur s’attache à décliner au fil de son œuvre. Avec Histoire d’un chien mapuche (2016), il relate le sort de ce peuple autochtone décimé à l’arrivée des Européens. Une nouvelle qui convient aux plus de 10 ans, à l’image des nombreux romans jeunesse de Sepulveda : Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur (2014), Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler (1996)…Deux ans après sa sortie, ce dernier est adapté en film d’animation par Enzo d’Alo. Un récit d’espoir et d’entraide intitulé La mouette et le chat. 

L’émission Lettres étrangères (France Culture) a rencontré l’auteur en 2016, quatre ans avant sa mort. Dans cette interview-fleuve, il évoquait la nécessité pour ses livres de combiner « rigueur éthique » et « dimension esthétique ». C'est à nouveau le cas dans Dernières nouvelles du Sud (2012), le récit d’un voyage à travers la Patagonie, où il dresse le triste constat d’un monde en voie de disparition.