Delphes

Delphes, sanctuaire d’Apollon et de la pythie, incarne tout l’idéal de la Grèce antique. Tout commence quand la terre n’était aux yeux des dieux qu’un disque et non une sphère. Zeus cherchant à déterminer le centre du monde posta un aigle à chaque extrémité. Les aigles s’envolèrent traçant droit devant eux et se rencontrèrent à Delphes qui devint Omphalos (ombilic).

À ce lieu mythique gardé par le dragon Python fut associé l’oracle Gaia puis Apollon au IX^e siècle av. J.C. Sous la prestigieuse tutelle du dieu de la lumière, Delphes ne pouvait que prospérer, portant en elle les germes d’une histoire mythologique qui traversera les millénaires. Le souffle d’Apollon émane des entrailles de la terre, le 7^e jour de chaque mois, interprété par la pythie.

Femme choisie parmi les mortels, la pythie transmet les oracles depuis l’enclos sacré posté au bord de la faille. Mais il faut au clergé traduire pour le quidam ses sons incompréhensibles. À travers elle, se diffuse un idéal de paix, la possibilité d’une réconciliation entre les rivaux des cités autonomes. La Grèce unifiée s’établit là sur les falaises des Phædriades jusqu’à l’effondrement du mythe au IX^e siècle av. J.C. Delphes la divine est alors délaissée, livrée aux fractures de l’histoire.

L’empereur Constantin la dépouillera pour magnifier Constantinople, nouvelle capitale de l’Empire romain d’Orient. Ce n’est qu’à l’aube du XX^e siècle que l’École française d’Athènes révèlera la grandeur et l’importance du site. Outre les monuments exhumés – le sanctuaire, le trésor des Athéniens, le temple d’Apollon, la tholos et le gymnase – les plus beaux vestiges sont conservés au musée Archéologique. Tout l’art de la Grèce antique semble contenu dans la statuaire (dont l’Aurige et le Sphinx) et les éléments sculptés présentés dans leur chronologie.