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L'histoire des favelas au Brésil
11 mai 2018
Partout dans le monde, on observe ce phénomène. Dans les grandes métropoles fleurissent des quartiers populaires aux habitations précaires, souvent édifiées par nécessité. Au Venezuela, on les appelle bairros et au Guatemala arrabales. Mais c’est sous le terme brésilien favela, que ces ensembles urbains sont surtout connus. Je vous propose de revenir sur les origine du mot favela et leur multiplication dans le paysage urbain du Brésil dès la fin du XIXe siècle.
L’origine du mot favela
Il existe plusieurs interprétations sur l’étymologie du mot favela et sur l’origine historique de ces communautés populaires au Brésil. Cependant, il semble y avoir un consensus sur l’apparition de la première favela dans la ville de Rio, à la fin du XIXe siècle.
Quant à l’origine du mot favela, il vient du nom d’une colline située dans la région de Salvador de Bahia, le Morro da favela. L’endroit était connu pour sa densité en plantes pointues et piquantes appelées scientifiquement Cnidoscolus quercifolius et dans le langage courant favela ou faveleira. La colline fut occupé illégalement par des soldats dans les années 1890.
Aux sources de l’histoire des favelas
Les soldats avaient combattu durant la guerre de Canudos (1896-1897) opposant les troupes régulières de l'État de Bahia à un groupe de quelque 30 000 colons établis en communauté autonome. Ils occupaient le Morra da favela en signe de protestation et pour réclamer leur solde auprès des autorités de la capitale fédérale.
Devant le silence des autorités, les soldats gagnent alors Rio, où ils occupent dès 1897 la colline du centre-ville appelée Morro da Providencia. Afin de marquer leur résistance et d’insister auprès des autorités, les soldats construisent un ensemble illégal de logements sous formes de cabanes de bric et de broc. Ils s’y installent et menacent de rester jusqu’à ce que leur solde soit versée.
Le Morro da Providencia devient alors devenu un symbole de résistance. Aux soldats, se joignent rapidement une partie de la population la plus pauvre de Rio ainsi que d’anciens esclaves expulsés du centre-ville à cause des campagnes sanitaires et des travaux de modernisation qui détruisirent un nombre important de logements.
Dans les grandes métropoles brésiliennes du XIXe siècle, les « favelas » ont pris, au fil des années, des proportions impressionnantes. À São Paulo, elles intimident par l’étendue de leur superficie en périphérie de la ville. À Rio de Janeiro, ces quartiers, généralement situés en pleine ville, surprennent par leur vertigineuse verticalité. Aujourd’hui, ces communautés populaires sont de véritables quartiers qui fonctionnent souvent en pleine autonomie grâce à une importante économie locale et à une organisation propre. Elles sont l’objet de nombreuses études d’urbanistes, de sociologues et d’architectes, l’incubateur de nombreux projets sociaux et depuis la pacification de certaines d’entre elles, elles sont même devenues une destination de voyage au Brésil.