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Les favelas de Rio à rebours des idées reçues

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Des habitations à perte de vue composent le Complexo da Maré © AgênciaBrasil

Par Olivier

13 avr. 2018

Les premiers bidonvilles sont apparus à Rio au début du XXe siècle et ils ont pris rapidement le nom de favela. Très vite, les favelas ont été élevées au rang de symboles du Brésil, au même titre que le football et la samba. Objets de fantasme, elles sont souvent associées à la pauvreté et à une criminalité violente. En réalité, les favelas ne se sont pas toutes développées au même rythme et de manière identique. Dans certaines, les habitants ont mis en œuvre des projets originaux pour améliorer le quotidien et rendre la culture plus accessible. Voici 3 projets qui m'ont particulièrement touché.

Favela da Maré : la photo pour lutter contre les clichés

La favela da Maré est l'un des quartiers les plus denses et violents de la banlieue nord de Rio. C'est pourtant dans cette favela que s'est ouverte en 2004, l'école du Peuple. Fondée par une ONG et à l'initiative du photographe brésilien João Roberto Ripper, cette école a pour but de lutter contre les clichés attachés aux habitants des favelas. Entièrement gratuite, elle propose aux plus jeunes des ateliers de fabrication d’appareils photos. En utilisant une boîte de conserve et du papier photo, ceux-ci prennent des clichés artisanaux de leur quotidien, souvent bien différents de ceux publiés dans les médias locaux. Pour les adolescents et les adultes, une formation en photographie de dix mois professionnalise les apprentis au métier de photographe.

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Les portraits réalistes du projet photographique «Imagens do povo». © AgênciaBrasil

Favela Morro da Providencia : demander la lune

Souvenez-vous : en 2008, l'artiste JR lançait le projet Women are Heroes. À Rio, dans la favela Morro da Providencia, JR habille les extérieurs avec d'immenses photos de visages et de regards de femmes.

C'est ici, dans cette même favela que s'est ouverte en 2009 la Casa Amarela. Cette maison jaune, installée au cœur de la communauté, est un centre culturel. La Casa Amarela offre aux habitants de la première favela du Brésil, l’opportunité de s’exprimer et d’apprendre à travers des projets axés principalement autour de l’art, l’éducation et la culture. Sur les hauteurs du centre-ville, les portes de ce lieu dédié à la créativité sont ouvertes tous les jours afin de proposer aux enfants et adultes des ateliers de théâtre, de capoeira et de danse ainsi que des cours de langues. La Casa Amarela est également à disposition de n’importe quel artiste international qui désire proposer un projet original aux habitants du Morro da Providencia.

Depuis le mois de décembre 2017, JR a installé une lune sur le toit de cet endroit plein d’espoir afin de guider ses visiteurs pour atteindre la Casa Amarela.

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Atteindre la lune est le souhait de Jr pour tous les habitants de la favela Providência ©Jr

Favela Morro da Babilônia : une idée lumineuse

Au sein du Morro da Babilônia, à cheval sur les quartiers de Copacabana, Botafogo et Leme, se niche un projet original qui réunit ses habitants autour d’une coopérative de production d’énergie solaire ; la première de ce genre au Brésil. Ce projet ambitieux est l’initiative d’un belge, Pol Dhuyvetter, qui est tombé amoureux de cette communauté, grâce à un ami, et après avoir désespérément cherché  un logement à Copacabana sans succès.

Au Brésil, le coût de l’électricité est l’un des plus élevé au monde. La coopérative Revolusolar désire littéralement révolutionner l’accès à l’énergie pour les plus pauvres en proposant l’installation de panneaux solaires photovoltaïques dans les communautés. Cela les maintiendra en autonomie et ainsi ils ne dépendront plus totalement du réseau classique de distribution qui est, pour la majorité, hors de prix. L’idée a déjà séduit deux Bed and breakfast au sein du Morro da Babilônia, qui fonctionnent déjà en pleine autonomie et arrivent même à vendre leur surproduction au réseau local de distribution.

À long terme, la révolution de Pol Dhuyvetter devrait atteindre d’autres communautés, non seulement dans la Cidade maravilhosa mais aussi dans le Brésil entier.

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Le soleil comme matière première pour ce projet coopératif © Mônica Imbuzeiro
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