Chaque semaine, recevez avant tout le monde les conseils de nos spécialistes, les anecdotes de nos bloggeurs et les dernières tendances en image, pour faire le plein d’idées de voyage.
J’ai découvert ici dans le sud de l’Italie, une des traditions les plus poignantes qui m’ait été donné de voir. Il s’agit des processions religieuses précédant Pâques à Noicattaro, petite ville proche de Bari. Elles font partie des cérémonies les plus anciennes de l’Italie méridionale et rassemblent chaque année des milliers de personnes, croyantes ou non. Ainsi, des familles entières et des groupes d’amis se retrouvent dans la rue ou sortent à leurs balcons, c’est une véritable institution. Même si l’Église a une place très importante dans la communauté et fait vivre ces coutumes, elles se perpétuent aussi grâce à la véritable fierté des habitants pour leurs traditions, ce qui est par ailleurs typique du sud de l’Italie.
Les processions se divisent en trois temps fort : les Sepolcri, la Naca et la Vierge endeuillée.
Jeudi saint et la procession des Sepolcri
Les processions commencent le jeudi saint avec les Sepolcri. Ainsi on allume un gigantesque feu devant chaque église de la ville. Les habitants viennent se recueillir à l’intérieur et des prières y sont dites.
Vendredi saint et la Naca
Les processions se poursuivent le vendredi saint avec la Naca, sans doute la plus surprenante en cela qu’elle reproduit la Passion et la mort du Christ. Ainsi, des hommes faisant partie des cercles religieux de la ville, endossent une longue robe noire qui couvre totalement leurs corps et leur visage d’où ne sont visibles que les yeux et la bouche. Ils ont des chaînes attachées aux chevilles et marchent pieds nus. Une couronne d’épines leur serre le crâne.Chacun d’eux porte sur l’épaule une croix de bois, longue de plus de 3 mètres et pouvant peser de 20 à 80 kg.Ainsi, cheminant à petit pas, le groupe avance péniblement à travers les ruelles de la vieille ville. Derrière lui, marche un cortège composé de femmes âgées, vêtues de noir, les cheveux voilés de dentelle en signe de deuil et portant un cierge à la main. Derrière elles, des prêtres récitant des prières et précédant le tombeau du Christ que des hommes portent à bout de bras en le berçant. Une musique funèbre accompagne enfin cette procession endeuillée.Le cliquetis des chaînes qui raclent le sol, les respirations tendues des porteurs de croix, le silence des veuves et la poignante mélodie funèbre confèrent à la scène une portée dramatique inédite et me laisse sans voix. D’ailleurs, la ville entière est silencieuse. Les porteurs de croix font ensuite halte dans chacune des six églises de la ville, laissant leurs croix à la porte et parcourant la nef jusqu’à l’hôtel où ils viennent prier et se flageller le dos avec leurs chaînes.
La dernière procession : la Vierge endeuillée
Il s’agit de la Vierge, qui après la mort du Christ, part à sa recherche. Cette procession commence au cœur de la nuit, à 2 heures du matin et il faut donc s’armer de courage pour la vivre.On porte la statue de la Vierge à travers la ville, dans le silence et dans le noir, car les lumières publiques sont volontairement éteintes, seules des bougies rouges disposées sur les balcons et sur les pas de portes, ouvrent la voie. Cela donne d’ailleurs à la procession un côté plus intime et touchant.Le cortège portant la statue entre dans chacune des églises pour y chercher symboliquement le Christ mort. Et un peu partout dans la ville, les habitants allument des Falo, feux, à même le sol autour desquels les familles, voisins et amis se rassemblent, adultes, enfants et anciens, pour ressusciter les coutumes du passé et faire ce que des milliers de familles et de gens ont toujours fait : se rassembler autour du feu, acte fraternel universel.