Le Caire moderne

Même quand le Caire n’est ni antique, ni fatimide, il échoue à être tout à fait contemporain. Le présent y est assurément nostalgique, prétexte pour autant d'allers-retours dans un passé imaginaire.

Grande bâtisse rose dominant la place Tahrir, le musée constitue, pour cette promenade en nostalgie, un bon point de départ. Cet étrange musée, ouvert depuis 1902 et qui a accueilli quelques 100 millions de visiteurs, expose des collections de trésors antiques dans un fatras de poussière et sans muséologie concrète. Il est donc conseillé de s’y rendre accompagné d’un guide de confiance, qui saura donner vie à ces objets. C’est l’occasion ensuite de traverser la place Tahrir qui fut le théâtre de la révolution que l’on sait, en 2011, et sur laquelle il est désormais interdit de manifester.

Il serait logique de continuer rue Talaat Harb jusqu'à la place du même nom, autour de laquelle rayonnent les principales rues du centre-ville et où se trouve l'immeuble Yacoubian, consacré par le roman d'Alaa el Aswany. Celles-ci réunissent les salons de thé historiques de la capitale (Groppi, Café Riche), d'intéressantes librairies (Oum el Dounia, L'Orientaliste) et quelques hauts lieux de rendez-vous nocturnes (Club Grec, Stella Bar, le Lotus ou encore l'Estoril). On peut ensuite marcher jusqu'au Nil et profiter de la vue splendide qu'offre le pont Qasr el Nil, qui se jette sur l'île adjacente de Zamalek. Là, on trouvera le très bel opéra du Caire et ses jardins, mais aussi le luxuriant Gezira Club, sorte d'institution sacrée pour la bourgeoisie de Zamalek, au croisement du parc, du club de sport et du Rotary Club. Zamalek, c'est le plaisir coupable du Caire globalisé, avec ses cafés de franchise américaine et la crème de la crème de la cuisine internationale du Caire, des bars à cocktail dans des immeubles sans enseigne ou sur des terrasses avec vue sur les lumières du Nil.