Mieux connaître l’art ndebele
22 juil. 2023
Si la découverte de la province de Mpumalanga fait partie du programme de votre autotour en Afrique du Sud, vous traverserez peut-être des villages ndebele. Comment les reconnaître ? Tout simplement aux décors géométriques et couleurs éclatantes ornant les maisons. Derrière la gaieté naïve de ces motifs, une résistance farouche des Ndebele à l'oppression afrikaner.
Qui sont les Ndebele ?
Le royaume ndebele est apparu tardivement dans l'histoire de l'Afrique du Sud, au milieu du XIXe siècle. Son fondateur, Mzilikazi, était un lieutenant de Chaka, souverain du pays Zoulou. En conflit avec son roi, Mzilikazi quitte le territoire zoulou pour s'installer quelque 800 kilomètres plus loin, au sud-ouest du Zimbabwe.
À partir de ce camp de base, le royaume ndebele s'étend au gré des formations de nouveaux kraals. Villes circulaires, les kraals sont entourés d'une double enceinte. Mais la guerre des Boers met fin à l'expansion du royaume. Soumis aux Afrikaners, les Ndebele doivent travailler dans les fermes ou partir dans les villes. C'est alors que le peuple ndebele trouve un moyen d'entrer en résistance.
L'art ndebele, un acte de résistance
Au sein du peuple ndebele, les hommes chassent, gardent le bétail… et font la guerre. Les femmes travaillent dans les champs et prennent en charge toutes les autres tâches. Parmi ces dernières, l'ornement de la double enceinte protégeant le kraal.
Inspirées du tissage dans lequel les femmes ndebele excellent, ces peintures se caractérisent par des motifs géométriques aux couleurs éclatantes que soulignent des lignes noires.
Innocents ces motifs ? Pas tout à fait. Véritable langage codé, ils permettent aux Ndebele de s'informer entre eux et de perpétuer leur culture. Une arme redoutable qui se transmet de mère en fille.
L'art ndebele, une histoire de femmes
Aujourd'hui, l'art ndebele a perdu sa fonction de rébellion mais survit à l'éparpillement des villages au Zimbabwe et dans la province du Mpumalanga en Afrique du Sud.
L'art ndebele reste une histoire de femmes. Et les Ndebele s’entraînent dès l’enfance sur des maisons miniatures. Prétendre tracer une ligne droite à main levée sans trembler requiert un an et demi de travail ! Chaque femme puise désormais dans son inspiration personnelle. Quant au mélange de cendres, d'eau et de pigments naturels constitutif de la peinture, il a cédé sa place à du blanc de chaux ou de la peinture acrylique.
Pour des grandes occasions, comme l’ukwendisa amasokana (le retour des initiés), les mères des adolescents ndebele devenus hommes se lancent dans une exécution spéciale. La peinture ndebele continue de nourrir le tissage et réciproquement.
| Des artistes ndebele à découvrir Deux femmes ndebele ont acquis une réputation mondiale, ambassadrices de leur culture à travers le globe : Francina Ndimande et Esther Mahlangu, qui a exposé au centre Georges-Pompidou à Paris, à la Dokumenta de Kassel (Allemagne) et à Washington (États-Unis). Esther Mahlangu a notamment décoré façon Ndebele une BMW en 1991, la carlingue d’un avion de la British Airways en 1997 et une Fiat 500 en 2007. |