Conseils pour se fondre dans le décor

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Admirez les touloulous

Le carnaval de Guyane dure près de deux mois, du premier dimanche qui suit l’Épiphanie jusqu’au mercredi des Cendres. Si votre séjour en Guyane se déroule à ce moment, ne manquez pas les bals parés-masqués. Ils se tiennent chaque samedi dans les dancings des principales villes de Guyane et à cette occasion, vous rencontrez les véritables reines du carnaval, les touloulous. Mais ne cherchez pas à savoir quelle femme se cache derrière le loup ! L’ambition des touloulous est de ne surtout pas être reconnues et certaines vont jusqu’à modifier leur voix ou à porter des lentilles de couleur. En dignes reines, les touloulous se doivent de briller. Elles confectionnent leur tenue de longues semaines avant le carnaval. Froufrous, paillettes, plumes, couleurs vives et tissus satinés, rien n’est trop beau pour elles. Et quand elles arrivent au dancing, c’est sous le regard admiratif de tous ceux qui sont présents. Les soirs de bal paré-masqué, seules les femmes se déguisent et ce sont elles qui choisissent leurs cavaliers, jamais l’inverse. Non seulement les messieurs n’ont pas le droit de refuser mais ils ont intérêt à être bons danseurs sous peine de « servir de poteau » à la salle jusqu’à l’année suivante.

2

Adoptez une picolette

Le Sporophile curio, picolette de son petit nom, est un passereau qui vit en Guyane et l’on raconte qu’il abriterait l’âme des défunts. Son nom scientifique vient du vieil amérindien, curio, qui signifie « ami de l’homme ». Et en Guyane, la picolette est même le meilleur ami de l’homme. D’ailleurs, c’est elle que l’on promène, pas le chien. C’est ainsi que vous la croiserez certainement au cours de votre voyage, toujours dans sa cage, tantôt au bras d’un homme, tantôt suspendue à la devanture d’une boutique, ou encore filant à vive allure entre les jambes d’un motocycliste. Ces promenades sont en effet indispensables pour que la picolette s’habitue à la ville et ses habitants. Traditionnellement, la picolette est élevée pour participer à des concours de chant et dès son plus jeune âge, elle est entraînée avec rigueur et passion. Si vous aussi vous voulez adopter votre picolette, sachez que la détention d'oiseaux chanteurs est strictement encadrée en France métropolitaine. Mais que cela ne vous empêche pas de savourer le chant mélodieux des picolettes guyanaises et d’échanger avec leur propriétaire sur sa passion et les concours à venir.

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Décryptez le tembe

Longtemps il a été l’« art de ceux qui s’évadent », esclaves fuyant les plantations et réfugiés dans la forêt. Tembe signifie d’ailleurs « art » dans la langue des Bushinengué, leurs descendants. Le tembe était alors une véritable langue visuelle faite de motifs géométriques. Elle était conçue pour faire passer des messages à l’insu du colonisateur, à tous les fugitifs, même ceux qui n’avaient pas appris à lire. À l’origine, seules les couleurs noire, blanche et rouge étaient utilisées mais au fur et à mesure que la langue s’enrichissait, les couleurs verte, jaune et bleue sont apparues. Car dans ces compositions graphiques aux teintes vives, rien n’est laissé au hasard. Géométrie et couleurs renvoient à des concepts précis : l’amour ou la mort, la famille, la nature… Les Bushinengué ont appris très jeune à maîtriser ces langues. Le tembe est aussi l’art du temps : il faut du temps pour mémoriser les symboles, du temps pour composer les messages, du temps pour débusquer ces mots cachés. Aujourd’hui, le tembe est moins un canal de communication qu’une façon de perpétuer un héritage à forte portée symbolique. Le tembe a sa place dans les musées et galeries mais il reste un art vivant et vous apercevrez certainement des œuvres d’art tembe sur une pirogue, la façade d’une maison, un tissu brodé.