Randonnée, terroir et permaculture à Brachoua

La permaculture à la rescousse des habitants de Brachoua

Brachoua est une petite commune à l'apparence insignifiante lotie dans l’arrière-pays de Rabat. Comme dans de nombreux villages de la région, le chômage y bat son plein et contraint de nombreux habitants à l’exode rural. Pourtant, certains irréductibles villageois ont décidé de rester à Brachoua, en trouvant un moyen insolite de lutter contre la précarité : la permaculture.

L’histoire commence en 2013, lorsque 60 familles loties à l’entrée du village se sont regroupées en association. L'objectif ? Trouver des solutions à leurs problèmes économiques, eux qui tentaient alors de survivre grâce aux modestes revenus de l’élevage. Jusqu'au jour où une association voisine, baptisée Ibn Al Baytar, convie les habitants de Brachoua à visiter une ferme biologique de la région qui pratique la permaculture. Une révélation.

Pour prendre le virage de l’agroécologie, les membres de l’association se sont d’abord formés aux techniques de la permaculture et aux notions de protection de l'environnement et de développement durable. Si bien qu’en l’espace de quelque temps, des jardins fruitiers et potagers ont fleuri dans tout le village. En plus d’être autosuffisants, ses habitants disposent désormais de l’électricité et de l’eau courante. Preuve que la persévérance et le travail peuvent porter leurs fruits en dépit des aléas climatiques qui secouent le pays.

Repas gourmands et randonnées

Le surcroît de production est désormais revendu sans intermédiaire, ce qui profite directement à la communauté. Pour assurer un complément à ces revenus, l’association a également eu l’idée d’organiser des journées de découverte écotouristiques. Au programme : partages d’expérience, repas gourmands et randonnées. Car les environs de Brachoua abritent des paysages à la beauté époustouflante.

L'éco-village s’enfonce en contrebas d’une colline, dos tourné à la route, si bien qu’on oublie bien vite les tribulations du monde. Chaque maison possède son propre jardin, du plus petit au plus grand. La terre profite à tous, y compris aux poules volubiles qui piaillent joyeusement sur les chemins en terre. Nous sommes instantanément happés par l’authenticité et la simplicité du lieu.

Nous sommes accueillis par Mohammed, Larbi, Khadija et les enfants qui s'amusent sur un terrain de foot minimaliste. Le petit déjeuner est pris sur des tapis en tissus recyclés, à l’ombre des arbres. Miel, huile d’olive, œufs et pains traditionnels nous mettent d’aplomb pour la randonnée, qui démarre par la traversée des jardins biologiques.

La permaculture à Brachoua, une affaire collective

Mohammed nous guide à travers les cultures en nous expliquant les caractéristiques de chaque fruit et de chaque légume. Il nous conte leurs vertus médicinales et le rôle des insectes dans ce formidable écosystème. Il nous parle aussi de la contribution des villageois dans le projet. Au passage, il évoque cette femme venue de Belgique pour vivre une expérience immersive dans l'éco-village, ou cet homme de 96 ans qui entretient son lopin de terre chaque jour qu’Allah fait.

Plus loin, nous délaissons les jardins de Brachoua pour gravir un promontoire où les vents se sont donnés rendez-vous. La vue embrasse ici les vallons couverts de thuya qui ondulent à l’orée des plaines. Tout en bas coule une rivière bordée de lauriers roses, où des tortues paressent à l’ombre des feuillages : c’est l’oued Mechra. La fraîcheur des ombrages nous fait oublier la faim et les rayons virulents du soleil. C'est comme si l’oued, pourtant asséché, nous abreuvait de l’intérieur.

Des plats traditionnels pour récompenser nos efforts

La remontée vers la plaine est ardue et sportive. Je peine à me hisser tout là-haut. La vue sur les collines majestueuses qui se chevauchent les unes sur les autres s’offre à ma rétine en guise de récompense. Les couleurs se fondent les unes dans les autres comme pour m’emplir d’un souffle nouveau. La preuve vivante de l’infiniment grand est là, juste sous mes yeux.

Nous regagnons le village en dilettante, ivres de la beauté du paysage et de la joie du temps ralenti. Un rfissa (plat traditionnel marocain) préparé par les femmes du village nous attend. Le poulet beldi, arrosé à la sauce du terroir, fond littéralement dans bouche. Nous le dégustons « à la marocaine » dans l’ambiance conviviale et familiale du village. Ainsi s’achève notre échappée bucolique dans l’éco-village de Brachoua. Une chose est sûre : nous y reviendrons !