L'environnement en Albanie

Depuis 2023, la Vjosa est le seul fleuve d’Europe à être classé parc national. En dépit de cette protection, de nouveaux projets pourraient nuire à l’inestimable biodiversité qu’elle abrite. 

Un statut pionnier 

L’Albanie a pris un virage écologique pour le moins inattendu le 15 mars 2023. En cette journée historique, le gouvernement a octroyé le statut de parc national à la Vjosa, qui n’est autre que la dernière rivière sauvage d'Europe (en dehors de la Russie). Le majestueux cours d’eau, qui s’écoule au sud-ouest du territoire après avoir pris sa source en Grèce, bénéficie désormais du plus haut niveau de protection possible. 

Ce n’est pas un hasard si la Vjosa est le premier fleuve d’Europe à obtenir ce statut. Gardien d’une précieuse biodiversité, il servirait d’habitat à plus de 1 200 espèces. Parmi elles, une quarantaine figure sur la liste rouge des espèces menacées, comme l'anguille européenne, la loutre ou le vautour égyptien. 

Des travaux inquiétants

Le long des 200 kilomètres de la Vjosa, nulle trace de barrages, écluses et autres digues artificielles, ni même d’industrie susceptible de dévier son cours. Et cette nouvelle désignation est censée l’épargner des ouvrages qui abondent à travers le pays, qui dépend de l’hydroélectricité pour produire la quasi-totalité de son énergie. 

Mais les organisations environnementales ont à peine eu le temps de crier victoire que des travaux ont débuté dans la zone, tout juste un an après la décision historique. Objectif : détourner les eaux de la rivière Shushica, principal affluent de la Vjosa, vers les stations balnéaires de la côte. Les autorités envisagent de prélever 140 litres d’eau par seconde, ce qui assécherait le cours supérieur de la rivière pendant l’été. De quoi représenter une lourde menace pour la biodiversité et la population des 30 villages voisins. Entre le développement du tourisme et la protection de ses milieux sauvages, le gouvernement albanais devra se résoudre à faire un choix.