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Rencontre avec un calligraphe à Asilah
23 janv. 2024
Aujourd’hui, on pousse la porte de Dar al Khattat (la maison du calligraphe) pour rencontrer Sadik Haddari. Direction la vielle médina d’Asilah qui abrite l’atelier de cet orfèvre de l’écriture arabe. Une rencontre inoubliable lors de votre voyage au Maroc.
La calligraphie fait le mur au Maroc
Chaque année, à l’occasion du moussem d’Asilah, la petite ville du Maroc, on est saisi par une multitude d’œuvres street art qui se mêlent parfois à l'art de la calligraphie. Ces fresques murales relookent les murs de sa médina, non sans lui conférer l’aura sereine et arty qui est la sienne.
Le long du rempart d'Asilah opposé à la grande bleue, les curieux ne manqueront pas de remarquer une façade recouverte de calligraphies. Actuellement le jaune et le bleu y sont à l’honneur. L’année prochaine, il en ira (peut-être) autrement. La façade murale, à l’image de l’impermanence de toute chose, change d’année en année. Mais son essence, elle demeure : la beauté est là !
Dans l’atelier de Sadik Haddari
Sur le pas de la porte, il n’est pas rare de croiser l’auteur de cette fresque, le calligraphe Sadik Haddari, peaufinant minutieusement les détails de son œuvre. S’il n’est pas là mais que la porte est ouverte, je vous encourage vivement à la pousser. Vous y découvrirez la légèreté de la calligraphie, véritable art au Maroc.
Dans son atelier, grand comme un mouchoir de poche, Sadik Haddari vous accueille à cœur ouvert. Toiles calligraphiées, pots à crayons, couleurs, esquisses et calames biseautés pigmentent la vie de l’atelier au même titre que les conversations qui bruissent et nous emmènent (souvent) dans de grandes envolées lyriques et philosophiques.
L'artiste des chemins de fer Dans une autre vie, Sadik Haddari appartenait à la grande famille de l’ONCF (version marocaine de la SNCF). L’artiste s’occupait déjà de graphisme… oui, mais de graphisme publicitaire ! Conception et réalisation d’affiches, de dépliants, de banderoles et de prospectus occupaient ses journées. Depuis sa retraite, le calligraphe autodidacte a tout le loisir de consacrer à son propre graphisme et de « vivre pleinement son existence ». Sadik Haddari vit désormais entre Asilah et Barcelone et partage ateliers, débats, tables rondes et rencontres sur le thème de la calligraphie. Il participe aussi à de nombreux festivals en Espagne, au Maroc et en France. |
Sadik (= l’ami en arabe) ne se considère pas à proprement parler comme un artiste mais comme « un artisan, voir éventuellement un calligraphe ». « La beauté était là avant »… Parole d’artiste… euh pardon de calligraphe, de poète et de philosophe ; 3 univers qui se confondent en toute humilité chez Sadik Haddari.
Envolée graphique
Puis l’artiste se met à l’œuvre. Un silence monacal envahit le petit espace qui semble relié aux plus grands lorsque la pointe biseautée du calame se met à glisser sur la feuille, aussi légère que les nuages qui passent au-dessus de notre tête.
L’encre noire s’ancre délicatement sur le papier, ébauchant l’esquisse d’une première lettre arabe qui aura ici le premier et le dernier mot. Puis des lettres aux proportions diverses et variées s’allongent sur le papier et s’élancent tout en courbes.
Sadik Haddari ne tourne pas longtemps autour des mots. Les angles s’arrondissent, les symétries s’embrassent et s’entrelacent jusqu’à créer, dans un dernier élan d’inspiration, un point d’équilibre parfait qui semble fredonner une mélodie.