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Tout savoir sur le thé au Maroc

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Au Maroc, le thé se déguste à toute heure et en tous lieux. Ici face au Djebel Toubkal, le point culminant du pays. © Laurie Arnauné

Par Laurie

13 févr. 2024

Tous ceux qui sont déjà partis en voyage au Maroc ont déjà goûté au thé à la menthe, cette succulente concoction à base de thé vert infusé, de menthe et de sucre. Boisson nationale du Royaume par excellence, le thé est préparé et offert en partage à toute heure de la journée. Laissez-vous « envou-thé » sans attendre par son subtil équilibre de douceur et de fraîcheur. 

Une boisson incontournable au Maroc

C'est peu dire que le thé est un élément central de l’identité culturelle du Royaume. Au petit déjeuner, pendant le repas, au moment de la sieste, et même à l'heure de l'apéritif... Cette boisson est consommée à toute heure de la journée au Maroc, au risque parfois de frôler l'indigestion.

Toutes les occasions sont bonnes pour partager une tasse de thé, en famille, entre amis ou avec de simples inconnus. Le doux et rafraîchissant breuvage accompagne même la signature d’un contrat ou un achat au souk. Star des terrasses de cafés et des tables marocaines, il ferait pâlir de jalousie ses concurrents que sont le café (kahwa) et le noss-noss (mélange de café et de lait).

Un verre, ça va... Trois verres, bonjour le diabète !
Le thé vert est réputé pour ses vertus cognitives et antioxydantes. Problème : si l'on y ajoute une forte quantité de sucre (et de délicieuses mignardises), il a tendance à faire monter la glycémie. Les diabétiques le préféreront donc sans sucre.

Vous aurez beau vous perdre dans le désert ou la chaîne de l'Atlas, vous trouverez toujours une âme disposant du nécessaire pour préparer un thé. Prélude à toute conversation, atây (le nom donné au thé au Maroc) est bien plus qu’une boisson chaude. C'est avant tout une expression culturelle, une marque d’hospitalité, un art de vivre.

Composition et modes de préparation

Pour déguster un thé à la marocaine, les trois ingrédients de base sont :

  • Le thé vert, dont l’essentiel de la production est originaire de Chine (le Maroc en est d'ailleurs le principal importateur).
  • Le sucre, consommé en morceaux de pain de sucre (facilement identifiable à sa forme conique).
  • La menthe fraîche, parfois remplacée par l’absinthe (chibah) durant les mois d’hiver.

Notons que d’autres plantes aromatiques de saison peuvent agrémenter la recette : thym, anis, sauge, marjolaine, pétales de fleur d’oranger, safran (dans la région de Taliouine)... Si la composition du thé marocain varie selon les saisons et les régions (voir l'encadré ci-dessous), sa technique de préparation obéit à un rituel immuable.

Une régionalisation des pratiques
Plutôt corsé dans les provinces du Sud marocain, le thé se déguste volontiers sucré plus au nord. Dans le Sahara, il se mêle à la beauté du geste et à la symbolique du lieu, évoquant une époque où le désert était synonyme de danger. Enfin, dans les montagnes, on y adjoint volontiers des herbes aromatiques endémiques de l'Atlas, dont seuls les Berbères connaissent le secret.

Le breuvage est ainsi mélangé grâce à de multiples allers-retours entre la théière et les verres. S'il n’est toujours pas à votre goût, il suffit de répéter la démarche. Signe que le thé est réussi : le turban de mousse qui se forme à la surface. S'il se maintient lorsque vous videz votre verre, vous pouvez déguster votre thé en toute tranquillité.

Le Maroc, porte d'entrée du thé en Afrique

On pourrait penser que le thé marocain est le fruit d'une histoire ancestrale, mais il n'en est rien. C'est grâce aux Britanniques que son parfum a fait son entrée dans le Royaume, à l'époque du Moulay Ismail (1672-1727). Les ambassadeurs européens l'offraient en cadeau aux sultans et aux notables, sans qu'il ne franchisse alors les murs du palais royal. 

Il a fallu attendre 1854 pour que le thé parvienne à gagner les classes populaires. Confrontés à la perte du marché slave, les navires de la compagnie des Indes Orientales cherchaient à épuiser leurs stocks. Les ports de Tanger et de Mogador (Essaouira), facilement accessibles par le détroit de Gibraltar, ont alors été désignés comme nouvelles escales commerciales.

En remplaçant les infusions et le vin prohibé par la religion, le thé vert a connu un succès immédiat. Aromatisé avec de la menthe, il n'a pas tardé à rassembler tous les habitants du Royaume : riches et pauvres, citadins et paysans, nantis et nomades... Au point qu'en moins d’un demi-siècle, les comptoirs marocains sont devenus une plaque tournante du commerce du thé. Ce n'est qu'ensuite que celui-ci a été diffusé en Afrique de l'Ouest grâce aux nomades du Sud du pays.