Le mont Wutai

Quatre monts bouddhistes émaillent la Chine, et le mont Wutai, au nord du Shanxi, fait partie des heureux élus. S’élevant jusqu’à 3 000 mètres d’altitude, le mont « aux cinq terrasses » fut identifié comme lieu sacré du bouddhisme dès les Wei du Nord (IV^e-VI^e siècle) et attribué au bodhisattva de la sagesse. Ce ne sont pas ses paysages escarpés qui lui ont valu une inscription à l’Unesco, mais sa quarantaine de monastères qui ont résisté aux aléas du temps et de l’histoire.

Plusieurs formes du bouddhisme sont vénérées dans les temples de Wutai : bouddhisme zen, Grand Véhicule et bouddhisme tibétain. C’est pour cette raison que ce centre de pèlerinage fut reconnu dans l’Asie tout entière et qu’il a pu conserver toute son authenticité. Parmi ses merveilles architecturales figure le temple Xiantong, fondé en 68, ainsi que le Tayuan, reconnaissable de loin à son impressionnant dagoba. La vue des pèlerins lamaïstes se prosternant à ses pieds, le son des clochettes qui tintent au vent, le toucher des moulins à prières qu’on peut faire tourner : autant de sensations qui rendent sa visite mémorable. Un petit effort est nécessaire pour grimper jusqu’au temple Nanshan, mais le voyageur est amplement récompensé par les vues sur les montagnes et les sculptures de pierre ornant les rambardes. Le temple de Foguang, lui, est plus à l’écart mais suscitera l’intérêt des sinologues avec sa grande salle orientale en bois, un rare vestige de l’architecture Tang.

Bien que le Wutaishan ait été dépouillé de ses grandes forêts, il offre tout de même de beaux panoramas depuis ses cinq pics-terrasses. Celui de l’Est est prisé pour ses levers de soleil sur la mer de nuages, celui du Sud fleurit de mille couleurs au printemps, celui de l’Ouest porte le doux surnom de « lune suspendue », celui du Nord est le plus haut d’entre tous et celui du centre est couvert de mousses émeraude.