Bagan

Soumis au caprice du fleuve Irrawaddy, les vestiges de l’ancienne capitale de la Birmanie s’éparpillent sur ses rives verdoyantes ou asséchées selon la saison. Effilées ou trapues, les flèches des stûpas, temples, kyaung et pagodes de briques rouges s’élancent vers le ciel comme autant de preuves d’une dévotion millénaire qui opère toujours aujourd’hui, les fidèles étant les seuls contributeurs de sa rénovation.

Dévotion omniprésente depuis les premières cités de Bagan du II^e siècle quand la civilisation pyu pris racine à proximité du fleuve nourricier, porteuse des préceptes du bouddhisme Theravada. Elle sera supplantée par les Môns, importateurs du dôme – le sikhara – dont les temples indiens sont déjà pourvus.

La ville du fleuve attendra sept siècles pour se voir attribuer le statut de capitale du tout jeune royaume birman sous le règne d’Anawratha (1044-1077). Deux siècles de puissance inégalée s’exprimant dans l’élévation de milliers d’édifices. Au XIII^e siècle, le royaume est investi par les Mongols qui fort heureusement conserveront ce patrimoine.

Le site aujourd’hui demeure très étendu et cependant très émouvant. L’espace archéologique de Nyaung U englobe les monuments les plus emblématiques : les géants que sont les temples Thatbyinnyu et le Dhammayangyi ; les vénérables du XI^e siècle dont l’Ananda temple, joyau de l’architecture Môn ou la Shwesandaw ; ceux qui ont conservé leurs peintures murales comme le temple Ku Byauk Gyi ; ceux qui offrent la plus belle vue depuis leur terrasse… et 2 000 autres témoins de temps révolus.

Immense, bouleversant, Bagan fait preuve d’une exceptionnelle robustesse. Broyée par les tremblements de terre, noyée par les crues, endommagée par les conquérants et délaissée par le pouvoir, mais toujours magnétique.